Du 29 juin au 31 juillet : Dans le cadre de l’exposition dédiée à Alain Crombecque, une sélection de documents permet de découvrir les travaux réalisés par Armand Gatti dans le cadre du Festival d’Automne et du Festival d’Avignon.
Horaires d’ouverture de l’exposition dédiée à Alain Crombecque :
29 juin : 14h – 20h
30 juin – 21 juillet : 11h – 20h
Entrée payante
Le 6 juillet à 10h45 : Un engagement culturel et politique, rencontre avec Christiane Bourbonnaud,Valérie-Anne Expert, Jean-Jacques Hocquard, Bernard Latarjet, Rima Abdul-Malak.
Le 6 juillet à 16h : lecture par Stanislas Nordey de textes d’Armand Gatti et d’Alain Crombecque.
Entrée libre
À la rencontre d’Armand Gatti
11h – 19h à la bibliothèque (2 e étage) / Entrée libre
Exposition réalisée à partir des archives conservées par la Bibliothèque nationale de France.
En introduction à cette journée d’anniversaire, la BnF invite à redécouvrir certains temps forts de l’exceptionnel parcours artistique, intellectuel et politique d’Armand Gatti, à travers quelques jalons provenant notamment du fonds donné au département des Arts du spectacle de la BnF par la Parole Errante. Le public pourra voir ainsi l’emblématique manuscrit de La Passion du général Franco, pièce interdite en France sous la pression du pouvoir espagnol en 1968.
Ces archives, complétées par celles que conserve la bibliothèque de la Maison Jean Vilar (antenne de la BnF), permettront aussi de mettre en valeur le parcours d’Armand Gatti au Festival d’Avignon, de Rosa collectif et La tribu des Carcana en guerre contre quoi, pièces accueillies par Lucien Attoun à la Chapelle des Pénitents Blancs, à Ces empereurs aux ombrelles trouées, en passant par Le Labyrinthe et Le Cheval qui se suicide par le feu.
Cette exposition, ouverte pendant toute la durée du Festival, sera visible jusqu’au 28 septembre.
12 juillet à partir de 16h : visite commentée de l’exposition par Olivier Neveux, Jean-Jacques Hocquard et Jean Baptiste Raze.
La Réponse à Schönberg
17h – 18h30 au Studio de la Maison Jean Vilar / Entrée libre
Projection / rencontre autour du film de Stéphane Gatti La Réponse à Schönberg (50 min), suivie d’un échange animé par Jean-Jacques Hocquard.
A l’invitation d’Alain Crombecque, la pièce de théâtre Ces Empereurs aux ombrelles trouées, dans laquelle Armand Gatti a utilisée des extraits de Moïse et Aaron, l’opéra de Schönberg, a été créée en 1991 dans le cadre du 45 e festival d’Avignon, avec les habitants des quartiers périphériques de la ville. Dans cette pièce foisonnante et complexe qui aborde la question de la représentation du divin dans les trois monothéismes, Armand Gatti conjugue poésie, religion et philosophie, et nous invite à prendre la mesure de la distance à parcourir pour nous
déprendre de nos propres idolâtries et tenter la traversée du désert.
Une œuvre du XX e siècle pour le XXI e siècle
18h30 – 20h dans la calade de la Maison Jean Vilar
Conversation autour d’Armand Gatti, avec Catherine Boskowitz (metteuse en scène, comédienne, plasticienne), David Lescot (auteur, metteur en scène et universitaire), Olivier Neveux (universitaire), animée par Marie-José Sirach (critique dramatique).
L’œuvre d’Armand Gatti est intimement liée à l’histoire du siècle précédent, à ses espérances et ses désastres. Elle a cherché des formes pour le « dire », le représenter et y intervenir. Elle a inventé des dispositifs, transformé le théâtre de façon unique. Mais elle ne saurait y être
assignée. Elle est en effet riche de perspectives et d’enjeux pour aujourd’hui. C’est aux nouvelles générations de les découvrir et de les rendre actifs. Il est possible, cependant, dès maintenant, d’interroger ce qu’elle a accompli et de travailler à faire apparaître ce qui pourrait inspirer notre présent.
Maison Jean Vilar – BnF
8, rue de Mons – Avignon
www.maisonjeanvilar.org
ÉDITIONS :
Armand Gatti, Bas-relief pour un décapité, Mars-A
Armand Gatti, Pierre Joffroy, La voix qui nous parle n’a pas besoin de visage. Chroniques et reportages (1946-1957), Hors-série connaissance, Gallimard
Olivier Neveux, Armand Gatti, théâtre-utopie, Libertalia
Michel Séonnet, Armand Gatti, l’in-venteur, Petits points cardinaux (prochainement en librairie)
Renseignements : contact@gatti-x.net
suppléments d’information
Cent ans déjà que Armand Gatti est né. C’est passé vite. À l’occasion de cet anniversaire, nous comptons revenir sur les principaux moments de l’écriture d’Armand Gatti.
Gatti journaliste
Son écriture commence avec le journalisme en 1945. Il a déjà été immigré pièmontais, maquisard, prisonnier, évadé, parachutiste SAS. À la fin de la guerre, il quitte Monaco pour se rendre à Paris et se fait embaucher au Parisien libéré.
On le colle aux chroniques judiciaires. Il fera tous les procès de la collaboration, ceux des massacres commis par l’armée allemande à Oradour-sur-Glane ainsi qu’à Bordeaux. Celui de la Gestapo de la rue de la Pompe. Peu à peu avec son ami Pierre Joffroy, il va imaginer un journalisme d’enquête. Sur la détention des prisonniers, les plus pauvres, ceux qui n’arriveront jamais à échapper au cercle de la pauvreté. Enquête sur les conditions de vie des Algériens en France. Chaque enquête devient un appel au gouvernement. Puis ils feront des enquêtes qui dépassent le cadre de la France, qui parcourent les camps d’Europe où se trouvent des réfugiés coincés dans des camps, cherchant désespérément à ne pas réintégrer leur pays d’origine. Ils feront aussi des enquêtes sur leurs amis artistes qui viennent de l’étranger découvrir et peut-être travailler à Paris (À nous deux Paris).
La dernière enquête menée par Gatti sur les dresseurs de fauves intitulée Envoyé spécial dans la cage aux fauves lui vaudra le prix Albert Londres et le titre de Grand reporter, c’est le début d’une nouvelle vie.
Gatti Grand Reporter
Aprés le tour de France, commence un premier tour du monde. Son journal l’envoie au Guatemala rendre compte d’un putsch organisé par les Américains. L’assassinat de son guide Felipe le convaincra qu’il n’a plus sa place dans ce métier.
De retour, il commence à écrire des pièces de théâtre. Le crapaud-buffle sur un dictateur d’un pays imaginaire. Mais il continue son travail de Grand reporter en Sibérie d’abord puis en Chine (avec Chris Marker) puis en Corée. C’est l’époque où les délégations du monde entier sont invitées à visiter et comprendre la transformation de ces sociétés communistes. Ils traverseront toute la Sibérie, la Chine et la Corée où Gatti clôture son voyage par l’écriture d’un scénario pour le film Morambong.
Gatti écrivain des institutions théâtrales
Il fait encore quelques piges pour les journaux mais un nouveau tour du monde commence avec l’écriture théâtrale. Grâce à la photographe, Agnès Varda, grande amie de Jean Vilar, elle donnera à ce dernier la pièce de Gatti, Le crapaud buffle qui sera monté en 1960 à la salle Récamier. C’est le début d’une traversée fulgurante des scènes françaises où les pièces d’Armand Gatti, sont montées à Lyon, Marseille, Toulouse, St Etienne, Paris mais aussi en Allemagne. Tour à tour, le sujet de ses pièces se déplacent de la Chine, au Vietnam, à l’émigration italienne aux camps allemands. Il recevra le prix Fénéon pour sa pièce Le Poisson noir sur la Chine de Tsin.
En Septembre 68 , coup de gong : le gouvernement De Gaulle interdit la pièce, de Gatti La passion du général Franco.
Gatti interdit
Le tour du monde par l’écriture continue mais avec de nouvelles modalités.
Depuis quelques années déjà les pièces de Gatti, sont traduites et jouées en allemand. Même La passion du général Franco d’ailleurs avec succès. Après l’interdiction en France, il s’installe à Berlin pour écrire le poème Les personnages de théâtre meurent dans la rue : là il découvre la radicalité allemande. Il écrit une pièce La moitié du ciel et nous en solidarité avec Ulrike Meinhof détenue. Cette pièce marque la fin de l’épisode allemand , il ne sera plus invité …
Gatti Avec et déterritorialisé
Le tour du monde se continue avec une écriture déterritorialisée.
Après toutes ces interdictions, l’écriture théâtrale de Gatti ne se pense plus à partir des institutions de la scène. Avec le texte Petit manuel de guérilla urbaine, son écriture ne se pense plus dans un théâtre mais dans un nouveau dispositif : une salle d’hôpital ou dans une salle de classe pendant les cours. A cette déterritorialisation s’ajoute le fait que le texte est joué par ceux qui ont été témoin de l’écriture du texte. Une écriture pensée, rédigée, avançant en dialogue permanent avec ceux qui participent au travail. Ce grand chantier commencera en Belgique avec deux grandes expériences, : la première dans une usine de Schaerbeek sur La colonne Durruti. Et l’autre dans la campagne du Brabant wallon avec toujours les étudiants de l’IAD.
Non seulement c’est un travail avec… Mais un travail également complètement déterritorialisé. Depuis 1975, jusqu’à la fin de sa vie, il arrivera à tenir son écriture dans l’avec et la déterritorialisation radicale (disciple d’une certaine façon de Guattari et Deleuze).
Le dernier épisode de ces écritures, tout en gardant le même cadre de l’écriture avec et de la déterritorialisation se fixera sur le projet de construire une cathédrale à la Résistance. La clé du dispositif, le mathématicien résistant Jean Cavaillès et le réseau Cohors. Les lectures de Cavaillès vont peu à peu faire découvrir à Gatti la physique quantique et une pensée qui met à mal le déterminisme. Enfin ! Avec Cavaillés et la physique quantique, Armand Gatti arpentera Strabourg, Sarcelles, Ville Evrard, le Cern, Genève etc.…Texte après texte, il arpente cette cathédrale, certains diront ce projet éléphantesque et ils ont raison parce que les cathédrales ont souvent la forme d’éléphants
Les noms de Jean Cavaillés, de Rosa Luxembourg, des fusillés de Tarnac, de Sacco et Vanzetti, du groupe Manouchian, de Roger Rouxel, de Camilo Torres, de Michèle Firk, d’Ulrike Meinhof rappelle que depuis son premier livre Bas relief pour un décapité jusqu’aux derniers épisodes de la Traversée des langages, durant toute sa vie Armand Gatti n’a finalement défendu qu’une seule idée : donner aux martyrs et aux combattants quelques instants de plus à vivre, les libérer de la fusillade, de la chaise électrique et de la décapitation pour retrouver la puissance de leur conviction. SG